5 mai 2006, 16h30, "Echos de l'âme", Salle de Musique (3, chaussée Bocquaine), Reims, France
8 mai 2006, 20hh30, "LE CHANT DE L’ÂME", Théâtre de la Ville, Paris, France
[Information] [Reportage sur le concert, Mondomix, 2006]
Musique traditionnelle et classique chinoise
interprétée par
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LE CHANT DE L’ÂME
Dans sa musique, il y a la turbulence des sons, les tempêtes d’accords et l’éloquence du silence. Et «derrière chaque note, il y a l’âme», dit Liu Fang. On ne saurait mieux affirmer la profondeur de son art. Celui du pipa, luth sans doute venu de Perse et mentionné déjà dans des textes deux siècles avant l’ère chrétienne. Depuis la dynastie des Tang (618-907), inscrit dans un ensemble ou soliste, il conserve sa popularité. Caisse en forme de poire et manche court, tendu de quatre cordes, il compte trente frettes. Son jeu requiert une grande dextérité : la main droite dont chaque doigt est armé d’un plectre gratte les cordes, la main gauche court sur le manche et crée effets de tonalité et nuances. La maîtrise technique permet une virtuosité à caractère descriptif. Le répertoire de cette musique de divertissement, transmis de maître à élève au fil des siècles, se partage entre la musique dite «militaire» – elle décrit avec vigueur les combats légendaires – et la musique dite «littéraire» – elle s’inspire de poésie, de drames historiques et de paysages. La nature n’est-elle pas la muse éternelle des artistes chinois ? Clair de lune sur la rivière ou canards barbotant dans l’eau froide, Liu Fang crée des paysages sonores quasi cinématographiques Et c’est à la peinture qu’elle se réfère pour expliquer le silence : « Dans la peinture chinoise, il y a des espaces vides qui concourent à l’harmonie. Ils permettent au spectateur de s’inscrire dans le tableau. C’est comme un dialogue. Ainsi, dans la musique, les vides sont l’espace laissé entre les notes et on réalise que le silence est plein de musique ».
Liu Fang joue aussi du guzheng, une cithare sur table, tendue de vingt et une cordes, devenue, depuis le XIXe siècle, un instrument soliste. Sa main droite pince les cordes avec un plectre, la gauche les touche produisant ainsi la hauteur voulue et une variété de timbres.
Talent précoce, Liu Fang, née à Kumming, province du Yunnan (Chine méridionale), donne son premier concert dès l’âge de neuf ans. Diplômée du conservatoire de Shangaï en 1993, elle a dix-sept ans et choisit de vivre au Canada. Elle poursuit depuis lors une carrière internationale et offre ainsi les joyaux de la musique classique traditionnelle chinoise. Son jeu brillant dérive de la douce floraison des tons aigus du pipa à l’orage de ces courses éclatantes dont l’intensité, dit-on, arracherait des larmes à un maître du flamenco !- Jacques Erwan
Concert live recording (Video and audio)
(le texte se trouve dans le programme de Théatre de la Ville 2005-2006)
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